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Procès de l'AP-HP pour harcèlement moral: la défense plaide la relaxe

Le professeur Jean-Louis Mégnien s'est jeté du septième étage de l'hôpital Georges-Pompidou à Paris le 17 décembre 2015.

Le professeur Jean-Louis Mégnien s'est jeté du septième étage de l'hôpital Georges-Pompidou à Paris le 17 décembre 2015. - GEOFFROY VAN DER HASSELT © 2019 AFP

Contre la directrice de l'hôpital à l'époque, la procureure a requis huit mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende. La défense a plaidé la relaxe.

Une lecture "biaisée de la réalité": au procès de l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) et de quatre responsables de l'hôpital Georges Pompidou jugés à Paris pour harcèlement moral après le suicide d'un cardiologue en 2015, la défense a plaidé vendredi la relaxe.

"Ma compréhension s'arrête là"

"Il est évidemment légitime, à la suite d'un suicide, de s'interroger sur les raisons, de procéder à une enquête. Mais dans cette affaire ma compréhension s'arrête là", commence Me Marie Burguburu, avocate du professeur Alain S., ancien "mentor" de Jean-Louis Mégnien, ce cardiologue de 54 ans qui s'est jeté par la fenêtre de son bureau, au 7e étage à l'hôpital Georges Pompidou, fin 2015.

Il avait repris le travail trois jours plus tôt après neuf mois d'arrêt et une "descente aux enfers" selon des collègues témoins.

Mercredi, la procureure a requis la peine la plus sévère à l'encontre d'Alain S. (un an de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende), estimant qu'il avait réussi à écarter Jean-Louis Mégnien de la chefferie du petit service de médecine préventive cardio-vasculaire qu'il convoitait, puis organisé son "exfiltration" du service et sa "placardisation".

"Aucune harcèlement nulle part"

Il n'y a "aucun harcèlement nulle part", mais "beaucoup de désolation et de tristesse", a ajouté Me Burguburu, affirmant que Jean-Louis Mégnien était à l'époque celui qui "insulte et sème la discorde", qui "aime le conflit et c'est récurrent".

A l'encontre de l'ancienne directrice, la procureure a requis 8 mois d'emprisonnement avec sursis, et estimé qu'elle avait été "en partie manipulée" par Alain S.

"Si elle a été manipulée, elle est victime, alors comment on peut retenir une peine ?", s'est étranglé son avocat Me Ralph Boussier, trouvant particulièrement "scandaleux" la demande de trois ans d'interdiction professionnelle requise.

La décision attendu le 15 novembre

A l'encontre de l'AP-HP, jugée en tant que personne morale, la procureure avait requis une peine "mesurée" de 50.000 euros d'amende (le maximum encouru étant 150.000 euros), estimant qu'il s'agissait bien d'un dossier "individuel" et pas de "harcèlement institutionnel", même si l'institution "devrait réfléchir sérieusement à ses pratiques".

L'avocat de l'AP-HP, Me Mario Stasi, s'en est réjoui dans sa plaidoirie. "C'est un conflit interne et l'institution n'est pas en cause". Cette affaire, "c'est l'inverse de France Telecom", a-t-il répété, en référence à la série de suicides de salariés de l'entreprise dans les années 2000 et au procès pour harcèlement moral qui avait suivi.

Le tribunal rendra sa décision le 15 novembre.

C.L. avec AFP