Mon enfant se pose trop de questions... Que faire? Comment l'aider?

Il (ou elle) ne cesse de ruminer, s’épuise à réfléchir. Comment aider son enfant à mieux vivre avec le flot de pensées négatives qui semblent l'assaillir quotidiennement?

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La rédaction Publié le 16/01/2024 à 16:00, mis à jour le 16/01/2024 à 16:00
"Est-ce que j’ai eu la bonne attitud? Est-ce que c’est ce qu’on attendait de moi?" L’enfant "overthinker" s’interroge sur tout. Photo Pexels

"Overthinking"

Comme beaucoup d'enfants (et d'adultes) sensibles, Lilou a une propension à ressasser, de façon quasi obsessionnelle, un certain nombre de pensées ou de sentiments négatifs. Elle analyse chaque situation passée, anticipe les possibilités futures, réfléchit à plusieurs sujets en même temps.

Ces ruminations persistent et s'accentuent souvent le soir, au moment de se mettre au lit. Cette agitation mentale nommée "overthinking" par les anglophones est épuisante. Lorsque ces enfants sont confrontés à une difficulté comme un conflit ou une remarque, leur esprit va se focaliser sur cet événement qu'ils vont revivre en boucle, les empêchant de passer à autre chose.

Revivre une situation en boucle

Ainsi, quelques jours avant les vacances, la jeune collégienne s'est disputée avec sa meilleure amie qui se montrait trop exclusive. Depuis ce moment, Lilou, peinée pour elle-même, mais aussi pour son amie, se remémore la scène, retourne la situation dans tous les sens sans trouver d'issues possibles.

Si les relations amicales sont un des sujets de prédilection des ados, si le fait de trouver sa place au sein du groupe de pairs devient prioritaire à cet âge, le temps passé par Lilou à ressasser ces problématiques paraît excessif. Ces pensées qui semblent n'obéir à aucun contrôle la vident de toute énergie.

Elle peine à faire ses devoirs, manifeste peu d'intérêt pour les jeux de société ou autres activités créatives. Sa seule occupation, au grand regret de ses parents, semble être son téléphone. "Elle passe des heures à discuter avec ses copines ou à regarder des vidéos sans intérêt". Pour Lilou, il s'agit d'obtenir du soutien en échangeant avec ses copines ou en se vidant la tête.

Plusieurs travaux de recherche sur le cerveau établissant un lien entre ruminations et difficultés dans la régulation des émotions, expliquent que certaines personnes ont plus tendance à l'"overthinking" que d'autres. Il semble que l'on retrouve quelques mêmes caractéristiques chez les enfants concernés.

Faible estime et perfectionnisme

Ainsi, une faible estime de soi semble être un dénominateur commun. C'est parce qu'ils ont du mal à reconnaître leur valeur, parce qu'ils ne se sentent pas légitimes qu'ils se remettent continuellement en question. "Est-ce que j'ai eu la bonne attitude? Est-ce que c'est ce que l'on attendait de moi?" En outre, cette faible estime s'accompagne souvent d'une envie de bien faire pour répondre aux attentes de leur entourage, de la société, pour ne pas décevoir... Beaucoup de ces enfants sont perfectionnistes.

Ils se sentent bien souvent en décalage avec les autres depuis l’enfance, ce qui peut les contraindre à porter un masque social. Cette sur-adaptation peut les épuiser et les rendre irritables.

Hypersensibilité émotionnelle et sensorielle

Les overthinkers sont souvent hypersensibles et hyper-empathiques. Leurs sens et leur mémoire étant exacerbés, ils perçoivent et se rappellent de beaucoup de détails qui vont être ensuite décortiqués et analysés indéfiniment. Les proches ne réalisent pas toujours ce qui se passe. C'est particulièrement le cas lorsque l'enfant garde ses pensées pour lui parce qu'il est de tempérament introverti ou par peur de déranger ou d'être jugé.

Les enfants qui, au contraire, expriment leurs doutes et leurs questionnements, font souvent face à l'incompréhension: "Pourquoi tu penses encore à ça?", "Arrête de stresser pour rien."

Or, non seulement il leur est impossible de stopper leurs flots de pensées, mais en plus, ces remarques peuvent faire naître un sentiment d’incompréhension et de culpabilité: "Pourquoi je ne pense pas comme les autres?" Il semble ainsi que le plus important pour le parent soit d'accepter les doutes et questionnements de son enfant.

Il peut ensuite l'encourager à se confier car parler à quelqu'un est souvent plus efficace que ruminer seul. Le parent pourra alors aider l'enfant à élaborer sa pensée et à sortir d'interprétations trop hâtives ou trop négatives.

Envisager d'autres scénarios possibles

Ainsi, lorsque Lilou considère que son amie lui en veut encore, sa maman pourra lui proposer d'autres scénarios plus positifs: "Elle a peut-être besoin d'un peu de temps pour intégrer ta demande", ou "elle est sans doute très accaparée par sa famille au moment des fêtes"... Lilou pourra elle-même imaginer d'autres possibilités plutôt que de s'enfermer dans une pensée pessimiste. D'autre part, plutôt que de focaliser et dramatiser une difficulté, il est intéressant de montrer qu'elle est passagère et que l'enfant peut la surmonter.

L'aider à reprendre confiance

"Plutôt que de te résigner, quels moyens peux-tu mettre en œuvre pour augmenter tes chances de réussite?" Il est rassurant d'avoir le sentiment de pouvoir influencer le cours des choses. Pour cela, et pour se libérer de l'overthinking, il est nécessaire que l'enfant gagne en confiance. Et cette confiance peut se développer toute la vie. En tant que parent, on peut aider son enfant à prendre conscience de ses forces.

On peut ainsi faire le point régulièrement avec lui sur ce qu’il pense avoir réussi, appris, ce dont il est fier, les progrès qu'il a accomplis… On peut également l'aider à trouver des ressources et à repérer les petites satisfactions du quotidien qui vont lui permettre de retrouver sa bonne humeur et d'apaiser son cerveau.

Faire une pause

En effet, pour se détacher de ses pensées, il est utile de faire une pause en s'accordant une distraction de quelques minutes au moins.

Si les ados l'ont bien compris et choisissent la facilité avec les écrans qui deviennent consolateurs et refuges, il existe d'autres moyens comme la pratique d'une activité physique ou artistique qui demandent une grande concentration.

Le fait de s'accorder de menus plaisirs au quotidien, tels que regarder un film comique, se promener dans un site agréable, ou jouer avec des animaux, peut également diminuer considérablement le stress et les ruminations.

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Nice-Matin

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