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Mohamed Bourouissa au Palais de Tokyo : l’art d’essaimer

 De Blida (Algérie), où Mohamed Bourouissa est né, à Gennevilliers (93), où il habite, "Signal" réunit des sons, des dessins, des sculptures, des films, des plantes.
De Blida (Algérie), où Mohamed Bourouissa est né, à Gennevilliers (93), où il habite, "Signal" réunit des sons, des dessins, des sculptures, des films, des plantes. © DR
Anaël Pigeat , Mis à jour le

Au Palais de Tokyo, « Signal » offre la vision 
d’une vingtaine d’années du travail protéiforme de Mohamed Bourouissa. Un reflet 
en couleurs et en sons du monde contemporain.

Des mimosas en fleur, un sol jaune, des massifs autour desquels les visiteurs peuvent flâner… Mohamed Bourouissa a imaginé son exposition au Palais de Tokyo comme un jardin parfaitement intégré à l’archi­tecture du lieu et animé par un cœur battant qui en donne la pulsation : un logiciel diffusant sur des écrans, tout au long de la visite, le même film en simultané.

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C’est à la fois une horloge et une playlist, ponctuation de l’espace et du temps de l’exposition. Voilà aussi un premier regard sur un choix de ses œuvres vidéo.

Pour filer la métaphore des mimosas, ces plantes ayant migré d’Australie en Algérie (dans l’œuvre ­­« ­Brutal Family Roots »), les images des vidéos pollinisent les lieux. Elles révèlent l’univers de cet artiste né à Blida en 1978 et actif depuis le début des années 2000.

L’exposition réunit des sons, des dessins, des sculptures, des films, des plantes.
L’exposition réunit des sons, des dessins, des sculptures, des films, des plantes. © Aurélien Mole

« L’idée n’est pas d’avoir une vision exhaustive de mon ­travail, mais de ­sentir des ­atmosphères, et ce n’est pas grave si des choses nous échappent. Je convoque une dimension inconsciente chez le spectateur », raconte-t-il. Son œuvre reflète les affres du monde contemporain, les ­violences faites aux corps et aux ­sociétés.

Des images tendres et fortes

Depuis vingt ans, Mohamed Bourouissa a bénéficié d’expositions personnelles remarquées, au musée d’Art moderne de la ville de Paris, aux Rencontres de la ­photographie d’Arles ou à la Fondation Barnes à ­Philadelphie. « Signal » porte un regard renouvelé sur ses débuts, avec ses photographies de la série ­« Périphérique », sa vidéo « La valeur du produit », parodie de film d’entreprise sur la vente de ­stupéfiants, ou encore les ­carnets de son ­projet « L’utopie ­d’August ­Sanders ».

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L’exposition révèle aussi son nouveau film, « Généalogie de la violence », qui commence sous la forme d’une romance, se poursuit en contrôle de police et dérive dans un monde fantastique. Une ­tendresse forte ressort de ces images.

Entrer en résonance avec d'autres artistes invités

Mohamed Bourouissa a également invité d’autres artistes à exposer à ses côtés, dont les univers résonnent avec le sien – un geste qu’il a souvent déjà eu. Des artistes de ­génération différente, des amis de longue date ou rencontrés plus ­récemment : Neïla ­Czermak Ichti, Ibrahim Meïté Sikely, ­Christelle Oyiri, Abdelmajid Mehdi ou encore le collectif Hawaf, dont il fait partie depuis trois ans.

« L’amitié est plus subversive qu’on ne le croit. C’est ce qui pousse les gens à se révolter, à résister, à dire ce qu’on a à dire », ajoute-t-il.

À l’invitation du Louvre, il réalise actuellement un portrait des Tuileries sous la forme de courtes vidéos, publiées chaque semaine sur le compte Instagram du musée. Une autre façon d’explorer les arcanes d’une architecture mentale, liée à l’astro­logie, à la flânerie, au paradis. Peut-être un jour ­créera-t-il un jardin en pleine terre.

"Signal", Mohamed Bourouissa, jusqu'au 30 juin 2024 au Palais de Tokyo (Paris). © DR

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