- Rachmaninov
Sonate pour piano n° 1. Préludes op. 32 n° 2, 7, 8 et 13.
Lukas Geniusas (piano).
A l’instar de certains de ses collègues, le Russo-Lituanien Lukas Geniusas, né en 1990, a enregistré sur le piano de Rachmaninov (1873-1943), qui siège toujours à la Villa Senar, en Suisse, où le compositeur s’était installé au bord du lac des Quatre-Cantons. Un instrument d’une longueur inhabituelle, offert au virtuose par Steinway à l’occasion de son 60e anniversaire, dont la sonorité dorée à la main droite se couple à des basses de chanteur lyrique. Geniusas s’attelle ici à la version originale du gigantesque chef-d’œuvre de 1907 qu’est la Première Sonate, dont il dévoile, au-delà du postromantisme exacerbé, des trésors de poésie. Car cette œuvre « sauvage », impressionnante de virtuosité, se vit aussi par le truchement d’un drame intérieur tour à tour servi avec ferveur, délicatesse et sobriété – ce qui n’exclut ni la fougue ni la puissance. Il en va de même pour le florilège de quatre Préludes extraits de l’opus 32, également dans leur version originale, dont le jeune pianiste déploie des visions nuancées et subtiles, donnant à entendre un Rachmaninov dont l’apparente extraversion dissimule des douleurs secrètes. Marie-Aude Roux
- Alena Baeva et Vadym Kholodenko
Fantasy
Schubert : Fantaisie en ut majeur, op. 159. Stravinsky : Divertimento extrait du Baiser de la fée (arrangement de Samuel Dushkin). Schumann : Märchenbilder, op. 113. Messiaen : Fantaisie. Alena Baeva (violon), Vadym Kholodenko (piano).
Déclinée sur des tons différents dans chaque pièce de ce programme inattendu, la notion de fantaisie paraît aussi illimitée que l’art de la violoniste qui l’investit avec un fort tempérament. Le kaléidoscopique opus 159 de Franz Schubert en fournit une amorce de qualité exceptionnelle. Alena Baeva fait émerger la mélodie d’un horizon translucide à la manière d’un mirage qui va progressivement prendre corps. L’entente entre la soliste russe et son mari ukrainien est telle qu’on a l’impression que, même silencieux, le violon continue de s’exprimer dans le jeu du piano. Le duo multiplie par la suite les prouesses de funambules. L’ensorcelante virtuosité d’Igor Stravinsky (dans une réduction de l’effectif, mais pas des effets, de la partition originale) et l’onirisme susurré de Robert Schumann (dans une version où le violon n’a rien à envier à l’alto habituellement requis) préparent le terrain à l’exaltation mystique d’Olivier Messiaen, dans une page dédiée à sa première épouse, la violoniste Claire Delbos. Pierre Gervasoni
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