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Exclusif

Vinted revendique un impact écologique positif

Pour la première fois depuis sa création en 2008, la licorne lituanienne publie son rapport d'impact. Les Echos START dévoile en exclusivité les résultats.

En 2021, Vinted aurait permis au total d'éviter 453 kilotonnes de CO₂, soit l'équivalent des émissions produites par environ 275.000 vols aller-retour entre Londres et Los Angeles.
En 2021, Vinted aurait permis au total d'éviter 453 kilotonnes de CO₂, soit l'équivalent des émissions produites par environ 275.000 vols aller-retour entre Londres et Los Angeles. (ABACA)

Par Marion Simon-Rainaud

Publié le 21 mars 2023 à 08:00Mis à jour le 21 mars 2023 à 16:12

1,8 kg. C'est l'émission moyenne de CO2 évitée pour chaque article acheté sur Vinted, d'après les estimations de la première étude d'impact présentée par l'application spécialisée dans la vente de vêtements de seconde main.

Plébiscité pour la revente, Vinted a attendu sa quinzième année (il est présent depuis dix ans en France), pour commander un rapport à une start-up allemande spécialisée dans le calcul d'impact climatique, Vaayu. Objectif double de cette étude : entériner le fait qu'acheter en seconde main est plus écologique que d'acheter du neuf et répondre aux critiques montantes de greenwashing.

La méthodologie du rapport repose sur l'Analyse du cycle de vie conséquentielle (ACV), utilisée aussi par l'Ademe, sur un demi-milliard de transactions et les réponses spontanées de 350.000 membres, entre 2021 et 2022. Sont pris en compte les émissions de carbone générées par les livraisons, l'emballage et le fonctionnement de l'entreprise.

Economie circulaire

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En 2021, Vinted aurait permis au total d'éviter 453 kilotonnes de CO₂, soit l'équivalent des émissions produites par environ 275.000 vols aller-retour entre Londres et Los Angeles. La plateforme aux 80 millions de membres dans le monde et 23 millions en France révèle également que deux acheteurs sur dix (20 %) se déclarent être motivés par des préoccupations écologiques, soit moins que les 47 % qui l'utilisent pour ses prix bon marché.

Autres éléments significatifs : la grande majorité (73 %) des colis sont récupérés en point relais, non à domicile, et du côté des vendeurs près des deux tiers (62 %) déclarent avoir réutilisé des emballages.

Mais pourquoi avoir attendu 2023 pour mener cet audit ? « Si vous faites le calcul sur un coin de table, l'impact positif semble assez facile à dresser, mais on s'est dit que des chiffres précis étaient importants pour confirmer cette intuition à l'origine de la création de l'appli. Maintenant c'est concret et indéniable », justifie Thomas Plantenga, le directeur général néerlandais de Vinted, aux manettes depuis 2016. « Cela nous a aussi permis de voir où réaliser des efforts, notamment sur le transport. Une grande partie de nos investissements sont désormais orientés vers les énergies renouvelables (fourgonnette électrique, panneaux solaires, etc.). »

Fast-fashion

Reste deux ombres au tableau. Vinted est régulièrement pointé du doigt pour alimenter le marché de la fast fashion, dont les répercussions néfastes à l'environnement ont été documentées. La marque la plus revendue sur les plateformes de seconde main est ainsi Zara, selon une vaste étude européenne menée par Savoo fin 2022.

Face à ce constat, Vinted assume le fait d'avoir permis de développer fortement l'achat de seconde main, dont le marché devrait atteindre 2.250 milliards de dollars d'ici à deux ans, selon les estimations des experts consultés (contre 1.500 milliards de dollars en 2020). « L'achat d'un article d'occasion sera toujours plus vertueux que du neuf », plaide le PDG de l'entreprise.

Deuxième critique : la marchandisation d'un certain nombre d'articles destinés traditionnellement aux dons. Emmaüs France vient de lancer une campagne de communication détournant la publicité qui a popularisé Vinted en France : « Si tu ne le portes plus, donne-le ! » (et non plus « vends-le »). L'association estime qu'avant Vinted (et consorts) 60 % des 320.000 tonnes d'objets donnés chaque année (meubles, vaisselle, vêtements et autres produits électroménagers) étaient propres à la vente, contre 40 % aujourd'hui.

« Depuis toujours, plusieurs modes de remise en circulation des articles coexistent, il y a de la place pour toutes les initiatives », se défend Thomas Plantenga. D'ailleurs, l'association créée par l'Abbé Pierre a elle-même lancé ses plateformes de revente d'occasion, Label Emmaüs en 2016 et Trëmma en 2021.

Les chiffres clefs

4,53

milliards de dollars de valorisation (source : CBInsights)

245

millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021, soit +65 % par rapport à l'année précédente

550

millions d'articles disponibles sur Vinted

Marion Simon-Rainaud

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