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Gros salaires dans les organismes de charité

Jean-François Cloutier
Argent

Les organismes de charité versent de très bons salaires à leurs plus hauts dirigeants, dont plusieurs gagnent plus de 100 000$ par année pour aider les gens pauvres ou dans le besoin.

C'est ce qu'a constaté Argent en consultant de récentes déclarations de renseignements d'organismes de bienfaisance d'ici, accessibles sur le site de l'Agence du revenu du Canada.

Ainsi, Vision Mondiale, qui offre de parrainer des enfants de pays du tiers monde, comptait un employé gagnant entre 200 et 250 000$, cinq gagnant entre 160 et 200 000$, et quatre empochant entre 120 et 160 000$.

La Fondation David Suzuki, qui lutte pour protéger l'environnement, comptait un employé gagnant entre 200 et 250 000$ et neuf touchant entre 80 000 et 120 000$.

La fondation de l'environnementaliste britanno-colombien consacrait 4,4 M$ par année au paiement des salaires, sur des revenus de 10,9 M$, ce qui représente 40,3% de tous ses revenus.

Du côté de Centraide du Grand Montréal, on comptait un salarié gagnant entre 200 et 250 000$, un entre 160 et 200 000$, deux entre 120 000 et 160 000$ et six entre 80 000 et 120 000$.

Des données qui corroborent une enquête du site lesaffaires.com, qui révélait en 2008 que de nombreux organismes de charité consacrent autant qu'entre 30 et 40% de leurs revenus en salaires.

Déclin du religieux

Ces chiffres n'étonnent pas Christian Bolduc, PDG de BNP Stratégies Gestion philanthropique, qui conseille les organismes de charité en ce qui a trait à la gouvernance.

Selon l'expert, le déclin des pratiques religieuses au Québec a entraîné une baisse du bénévolat et des gens désireux de consacrer leur vie à l'éradication de la misère pour un salaire modeste.

« Trouver des bénévoles réguliers, c'est plus difficile qu'avant. Les communautés religieuses sont moins présentes. La société se professionnalise aussi, les gens ne veulent plus travailler pour rien », a-t-il expliqué.

M. Bolduc soutient que les organismes de bienfaisance n'ont bien souvent pas le choix d'offrir une rémunération concurrentielle pour attirer une main-d'œuvre de qualité. Depuis dix ans, les salaires ont progressé de façon importante dans l'univers des organismes sans but lucratif, selon lui.

Il fait toutefois une différence entre les activités de bienfaisance, le service direct, et les activités de gestion proprement bureaucratiques.

« Payer un travailleur social à un salaire correct pour aider des jeunes de la rue, je le comprends. Mais si l'argent est affecté seulement à la gestion, c'est plus problématique », a-t-il mentionné.

M. Bolduc hésite à dire qu'un ménage s'impose dans les finances de certains organismes, mais il estime qu'il y a clairement « place à l'amélioration » pour rendre des organisations plus imputables.

Les moins généreux

En 2010, la somme des dons à des organismes de bienfaisance au Canada a atteint 10,6 milliards de dollars, selon Statistique Canada.

Le montant total des dons au Québec s'est élevé à un peu plus de 822 M$, ce qui en fait la province la moins généreuse au pays en proportion de la taille de sa population.