Depuis Las Vegas

Clap de fin pour ce CES 2024 ! Après quatre journées intenses (en réalité un peu plus avec les journées réservées aux médias), le salon tech américain a refermé ses portes ce vendredi 12 janvier. Selon les organisateurs, ce sont plus de 135 000 visiteurs qui ont foulé les allées du Las Vegas Convention et du Venetian Expo du 9 au 12 janvier. Réputé pour donner le tempo de l’année à venir en matière d’innovation, l’événement permet de prendre le pouls de la tech mondiale. Maddyness vous livre son retour d’expérience après une semaine passée dans la démesure de Las Vegas.

Sans surprise, l’intelligence artificielle (IA) a été la grande star de CES 2024. Elle a été présentée à toutes les sauces, ce qui pouvait parfois conduire à l’overdose sur le sujet, mais pouvait-il en être autrement ? Le raz-de-marée ChatGPT a déferlé sur le monde il y a maintenant plus d’un an et les usages autour de l’IA générative n’ont cessé d’être décuplés depuis. D’ailleurs, Satya Nadella, le patron de Microsoft, qui a déjà dépensé 13 milliards de dollars dans OpenAI depuis 2019, a été aperçu à l’Eureka Park durant le CES, allant notamment à la rencontre de certaines startups françaises comme Enchanted Tools.

Le CES, place forte des télévisions et de l’automobile

Outre l’IA, le CES est devenu une place forte depuis plusieurs années pour deux thématiques : les télévisions et les voitures. Sur la première, cette édition 2024 aura été marquée par les écrans transparents, avec un duel sud-coréen entre LG (OLED) et Samsung (Micro-Led). Concernant la deuxième, les véhicules occupent l’ensemble du West Hall, avec des voitures volantes, autonomes, connectées… C’est simple, le CES se positionne désormais comme le principal événement automobile du monde. «La voiture devient un produit comme le smartphone avec du software. Les consommateurs attendent désormais une smartphone-experience dans leur voiture. Les voitures électriques sont à mi-chemin entre le smartphone et la console de jeu», analyse Florent Roulier, Manager Innovation chez Niji, cabinet de conseil dédié à la transformation numérique des entreprises et des organismes publics.

Si l’événement américain n’est pas le plus prestigieux au monde dans le secteur pour l’instant, il est clairement le plus innovant à l’heure actuelle pour l’industrie automobile, ce qui relègue au second plan les salons de l’automobile de Paris et Genève, en perte de vitesse. Le concept-car Afeela, conçu par Sony et Honda comme une PlayStation sur quatre roues, est probablement l’un des plus beaux exemples de l’innovation automobile présentés à Las Vegas. A noter que la France était d’ailleurs représentée au West Hall avec un pavillon dédié à l’automobile. Celui-ci comprenait 20 exposants tricolores.

Une French Tech bien présente… sous l’œil du gouvernement américain

Au-delà de l’automobile, les Français étaient bien représentés lors de ce CES, puisque plus de 150 entreprises tricolores ont fait le déplacement jusqu’au Nevada, dont 135 startups. Celles-ci, emmenées par Business France, ont pu jouir du bon positionnement du pavillon français à l’Eureka Park. Et pour cause, ce dernier était situé à l’entrée du hall G du Venetian Expo. L’occasion pour les jeunes pousses comme Enchanted Tools, Leviia, SquareMind, Skwheel, Glaaster, Zoe Care, AI Robotics ou encore Neoplants d’essayer de tirer leur épingle du jeu. Ces sociétés étaient observées de près par les États-Unis, puisque le pavillon tricolore jouxtait celui du gouvernement américain… Une constante ces dernières années de l’autre côté de l’Atlantique.

Quant à Withings, société qui figure au sein du French Tech 120, elle avait les honneurs du Las Vegas Convention Center. Et après avoir fait sensation l’an passé avec U-Scan, un laboratoire d’analyse de l'urine connecté, l’entreprise d’Éric Carreel s’est illustrée cette année avec BeamO, un multiscope pour faire un check-up santé 4-en-1 (température, électrocardiogramme, oxymètre et stéthoscope digital). De manière globale, la santé était l’une des tendances fortes de cette édition 2024, avec de nombreuses solutions pour entrer de plain-pied dans l’ère de la médecine prédictive.

Si les Français étaient bien représentés cette année au CES, que dire de la Corée du Sud ? C’est un raz-de-marée venu de Séoul qui s’est abattu sur Las Vegas en ce début de mois de janvier. Avec plus de 700 entreprises, dont 550 startups qui s’ajoutent aux mastodontes que sont Samsung et LG, la délégation sud-coréenne était impossible à manquer durant le CES, que ce soit au Las Vegas Convention Center, à l’Eureka Park ou même sur le Strip.

Elle ainsi largement supplanté les Chinois, moins en vue cette année, ce qui n'est pas une grande surprise en raison des relations glaciales à l'heure actuelle entre Pékin et Washington. «Il y a moins de Chinois et de pays du Moyen-Orient. De manière globale, il n’y a plus les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie et Iran, ndlr). Au CES, il ne reste que les partenaires des États-Unis (Europe et Asie Pacifique principalement)», observe Florent Roulier.

Un gigantisme à la hauteur de la démesure de Las Vegas

Avec son gigantisme, il est parfois difficile de s’y retrouver au CES. Surtout que le salon s’étend bien au-delà ses deux lieux principaux, avec des conférences de presse organisées dans plusieurs hôtels de Las Vegas, dont le Mandalay Bay, et des démonstrations réalisées dans des suites. C’est véritablement tout Las Vegas qui vibre au rythme du CES pendant une semaine.

On ne va pas vous mentir, on s’est parfois méchamment perdu, notamment au Venetian qui peut parfois prendre des allures d’espace game insoluble. Bref, de par sa taille (33 terrains de football selon les organisateurs), il est tout simplement impossible de faire le tour de l’ensemble du salon. Il faut donc arbitrer entre les visites, les rencontres et les tentations de Las Vegas.

Et pour cause, la ville étant la capitale mondiale du divertissement et des excès, il y a de nombreuses fantaisies autour du salon, à commencer par le Vegas Loop. Il s’agit du réseau de tunnels anti-bouchons d’Elon Musk, qui vous permet de circuler à bord d’une Tesla dans une ambiance psychédélique. Pas vraiment révolutionnaire, mais cela permet parfois de gagner un temps précieux pour se déplacer au Las Vegas Convention Center.

La Sphère, star indirecte de ce CES

Mais cette année, la véritable attraction, c’était bien sûr la Sphère, cette boule géante qui contient 1,2 million de LED, et qui s'étire sur 111 mètres de haut et 157 mètres de large, soit une surface d'affichage de 54 000 m2 ! Inaugurée par le groupe U2 en septembre dernier, cette sphère géante est véritablement impressionnante. Allumée en permanence, avec des visuels spectaculaires à l’extérieur, elle donne le sentiment d’être une chose vivante… et un énorme gouffre énergétique. Nous l’avons visitée et le résultat est bluffant.

Avec son écran incurvé à l’intérieur, la Sphère plonge ses visiteurs dans une immersion inédite. Nous avons même eu parfois l’impression que l’écran allait nous absorber… Bref, il s’agit d’un lieu à la hauteur de la démesure de Las Vegas, et de nombreux participants du CES sont allés y faire un tour. Samsung y a même projeté des visuels extérieurs pour faire sa promotion et organisé une soirée à la veille de l'ouverture officielle du salon. Rien d’étonnant puisque ce nouveau lieu extravagant est situé juste à côté du Venetian Expo.

Au-delà de ses attractions, le CES prend parfois des allures de Fashion Week, où certains participants n’hésitent pas à porter des tenues atypiques pour se faire remarquer. Nous avons ainsi vu de nombreuses vestes colorées dans les allées du Las Vegas Convention Center et de l’Eureka Park. Et puis le CES, ce sont aussi des surprises, comme un concert de Green Day tombé du ciel à la dernière minute, et des soirées… Mais comme on dit : «What happens in Vegas stays in Vegas !»