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Boischatel bousculée par son boom démographique

Des maisons semblables sur une rue résidentielle enneigée.

Les constructions récentes sont légion à Boischatel.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Modification de ses infrastructures routières, déménagement d'une école primaire, resserrement des règlements municipaux, prolongement d'une sortie d'autoroute, résidences déplacées ou démolies : la municipalité de Boischatel, en banlieue de Québec, est victime d'un gros boom démographique et doit maintenant s'adapter pour maintenir la qualité de vie promise aux résidents.

Le maire, Benoit Bouchard, frappe à la porte de plusieurs ministères par les temps qui courent. Sa liste d'épicerie est longue, admet-il, mais il est optimiste. Avec aplomb et confiance, il parle des projets à réaliser pour offrir à ses citoyens les services et la sécurité dont ils ont besoin.

M. Bouchard reconnaît que la croissance s'est réalisée à vitesse grand V dans son patelin natal, porte d'entrée vers la Côte-de-Beaupré. Quand mes parents sont arrivés en 1969, on était 1400 de population, dit-il en entrevue à Radio-Canada.

Ce nombre a progressé lentement, mais sûrement, pendant plusieurs années, en même temps que la prolifération des banlieues de Québec. Malgré tout, la population de Boischatel ne dépassait pas les 5000 âmes au tournant des années 2000.

Voilà que le nombre de Boischateloises et de Boischatelois a plus que doublé en deux décennies, atteignant quelque 9000 personnes en 2023. Et le chiffre continue de monter.

Boom

Incitant les familles à venir s'établir pour profiter de la campagne en ville, Boischatel a multiplié les investissements pour répondre à la demande croissante de sa population.

Une nouvelle école primaire, un aréna, un centre sportif multifonctionnel, des parcs et plusieurs autres infrastructures ont été construits pendant que des rues étaient créées et construites.

Une rue résidentielle en développement

Boischatel propose maisons neuves et terrains à vendre dans ses plus récents ensembles résidentiels.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Il est arrivé un boom de développement, un boom immobilier. C'est une popularité que Boischatel a créée elle-même. Boischatel a vraiment explosé, atteste M. Bouchard, élu conseiller municipal en 2013 puis maire en 2017.

Au nord et à l'est du golf Royal Québec, le poumon de la ville, les résidences unifamiliales sont reines. Malgré le ralentissement économique provoqué par la hausse des taux d'intérêt, les nouvelles constructions continuent de pousser et de nombreux terrains sont toujours mis en vente.

Si Benoit Bouchard entrevoit un certain ralentissement du développement dans le nord et à l'est, je ne peux pas vous dire qu'on va l'arrêter. On va le contrôler, le développement, précisera-t-il au cours de la même entrevue. On ne peut plus rien ajouter au nord. Si on ajoute, ce sera à la graine.

Il promet au passage de ne pas dénaturer sa ville.

On s'appelle Boischatel. C'est pas pour rien, c'est parce qu'il y a encore du bois. Moi, j'ai toujours dit que je ne voulais pas qu'on dilapide le bois et qu'on s'appelle juste "Chatel".

Une citation de Benoit Bouchard, maire de Boischatel

Pour le moment, le conseil municipal veut connaître les impacts des développements sur la mobilité. On a une étude de circulation en cours, indique le maire, laquelle tiendra compte des nouvelles données démographiques et de l'état du réseau municipal.

La dernière étude datait de 2015. Entre les deux, il y a encore plusieurs milliers de personnes qui se sont ajoutées à Boischatel.

Selon l'Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec, Boischatel :

  • n'a accueilli aucune nouvelle unité locative entre 2002 et 2020, puis 4 unités en 2021 et 2 en 2022;
  • n'a accueilli aucune nouvelle copropriété depuis 2013;
  • a presque exclusivement autorisé la construction de résidences unifamiliales.

Une banlieue congestionnée

Selon M. Bouchard, près de 70 % de la population vit maintenant à l'extérieur du quartier historique de Boischatel, près de l'avenue Royale, ou du quartier Notre-Dame, développé dans les années 1970 et 1980. Ce développement concentré au nord amène son lot de problèmes, convient-il.

Les résidents qui vivent au sud déplorent une augmentation du trafic automobile, de la vitesse et des bouchons de circulation, notamment. Le maire en prend acte.

La Municipalité est-elle forcée de rétropédaler? Ce qui a été fait [comme développement] a été bien fait. La seule chose est qu'effectivement, on n'a pas pensé à la possibilité de trouver une autre voie pour vider le nord. Et c'est là qu'aujourd'hui, on se ramasse le bec à l'eau, dit-il.

Un homme pose devant une rue résidentielle.

Le maire de Boischatel, Benoit Bouchard.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Boischatel possède deux entrées : le pont de l'avenue Royale, au sud-ouest, et la côte de l'Église, au sud, reliée à l'autoroute Dufferin-Montmorency et la route 138 vers Sainte-de-Beaupré. En matinée, tout le monde converge vers le sud.

On envoie du monde dans l'entonnoir, c'est pas compliqué.

Une citation de Benoit Bouchard

À l'ouest, la municipalité ne comporte que des rues résidentielles dont les largeurs et la configuration ne permettent pas un écoulement efficace de la circulation provenant du nord.

Un réaménagement de 4 millions de dollars de l'intersection des rues Notre-Dame, Montmorency et Bourbeau vient d'être présenté à la population. Le montant représente 20 % du budget de fonctionnement de la Ville.

Pour la cause, quatre résidences seront démolies ou déplacées (entraînant des enjeux patrimoniaux), affirme le maire. On ne peut pas faire d'omelettes sans casser des œufs. Des négociations sont toujours en cours avec les propriétaires, dit-il. L'étape des plans et devis est prévue pour le printemps prochain et Boischatel espère un début des travaux en 2025.

Pour financer le projet, Boischatel sollicite le gouvernement du Québec, notamment, afin d'éliminer le potentiel accidentogène. On a un bon programme de subvention qui s'en vient [au provincial], assure Benoit Bouchard.

Des voitures roulent devant une école primaire.

La Municipalité de Boischatel demande au gouvernement d'autoriser la construction d'une nouvelle école primaire ailleurs sur le territoire afin de délocaliser éventuellement le pavillon Bocages de l'école primaire de Boischatel.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Dans la côte de l'Église, la circulation bouchonne à la hauteur du pavillon Bocage, l'un des trois bâtiments de l'école primaire de Boischatel.

La circulation est problématique entre 7 h 40 et 8 h 05 le matin, les jours d'école, et l'après-midi entre 15 h 30 et 17 h, le temps que l'école se vide, explique le maire. L'école est mal située géographiquement et ça nous pose des problèmes. On est en négociation pour que l'école soit déplacée.

Impossible d'en constater les impacts ces jours-ci, grève scolaire oblige, mais le maire assure que l'enjeu a été soulevé par la population.

Au bas de la côte, Boischatel a une autre demande pour le ministère des Transports. La Municipalité réclame un prolongement de la sortie en direction est, pour le retour à la maison, afin d'éviter les files d'attente qui débordent sur la 138. À nouveau, on y voit un enjeu de sécurité et de mobilité.

Comparaison entre un pâté de maisons provenant d'une époque plus ancienne et un développement résidentiel récent

Les différentes époques de développement de Boischatel sont bien visibles dans l'architecture des résidences.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Sécurité et restrictions

La prolifération de résidences et du nombre d'automobiles – souvent deux par résidence – a aussi un impact sur le sentiment de sécurité des résidents.

Boischatel se targue d'être la municipalité comptant le plus grand nombre de radars photo pédagogiques par tête de pipe de la province, avec 29 sur son territoire. Ils sont actifs en tout temps. On avait fait les premiers tests parce qu'on était sceptiques que ces petites boîtes de plastique pouvaient durer toute l'année, relate-t-il.

Ça fait trois hivers qu'on les a et pour moi, c'est l'élément le plus productif côté sécurité à Boischatel. Systématiquement, ça ralentit.

Une citation de Benoit Bouchard
Une voiture passe devant un radar photographique pédagogique

Boischatel compte pas moins de 29 radars photo pédagogiques pour assurer un contrôle de la vitesse sur son réseau routier, majoritairement en milieu résidentiel.

Photo : Radio-Canada / David Rémillard

Parmi les autres désagréments liés au boom démographique, Boischatel est forcée d'interdire le stationnement de nuit tout l'hiver (de 23 h à 7 h), qu'il y ait opération déneigement ou non. Le règlement existe depuis 2002. Une tolérance était appliquée, mais plus cette année.

Boischatel limite également l'accès à certaines infrastructures sportives ou récréatives, excluant les non-résidents.

Toutes ces mesures et ces projets n'ont qu'un objectif, insiste le maire : assurer la qualité de vie. Ça fait six ans que je suis maire, ça fait six ans qu'on travaille là-dessus.

Boischatel en bref

  • Année de fondation : 1920
  • Densité de population : 404 habitants par km2 en 2021
  • Les 0-14 ans représentaient 22 % de la population en 2021
  • 83 % de la population avait moins de 65 ans en 2021

Source : Statistique Canada

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