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Un caméraman de Radio-Canada raconte son expérience en Ukraine

Peter Dawson avec deux jeunes soldats ukrainiens.

Le caméraman Peter Dawson dit avoir été ébranlé par les témoignages de jeunes soldats qui se sont engagés dans la guerre contre la Russie.

Photo : Radio-Canada / Peter Dawson

Radio-Canada

Le quotidien des Ukrainiens dans leur pays en guerre a laissé une impression ineffaçable à un caméraman de Radio-Canada Acadie, qui a accompagné le mois dernier une équipe en reportage dans les zones du conflit.

Depuis février 2022, l’Ukraine subit les assauts de l’armée russe.

Avec la correspondante Marie-Ève Bédard, Peter Dawson, caméraman-monteur de Radio-Canada domicilié à Halifax en Nouvelle-Écosse, s’est rendu dans plusieurs régions de l’Ukraine le mois dernier, incluant celles où le conflit se déroulait.

Celui qui a pourtant l’expérience des reportages en zones de guerre — il a couvert la guerre en Afghanistan en 2008 — revient de l’Ukraine admiratif devant la résilience et le courage des gens qui traversent ces épreuves.

La chaleur, l'esprit humain de ce monde qui est resté pour survivre cette guerre, était vraiment incroyable, a-t-il dit lors d’une entrevue à l’émission Le Réveil Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve.

Les décombres de plusieurs édifices.

Les quelques centaines de citoyens d'Houliaïpole qui n'ont pas pu fuir se réfugient désormais dans les sous-sols de la ville.

Photo : Radio-Canada / Peter Dawson

Le séjour a néanmoins été éprouvant. L'équipe s'est notamment rendue à Houliaïpole, une ville qui comptait autrefois une dizaine de milliers d’habitants. Complètement rasée, la localité ne compte plus que quelques centaines de personnes qui n'ont pas les moyens ou les relations pour aller ailleurs.

Quand on est arrivés, on était sous bombardement tout de suite, se rappelle Peter Dawson. Tout le monde se cachait dans les sous-sols, et nous aussi, d'ailleurs. On a commencé à tourner, puis là on a réalisé qu'on ne pouvait pas être dehors du tout.

On est revenu le lendemain parce qu'on voulait finir [notre reportage], on voulait parler avec le monde, poursuit-il. C’est là qu’il a constaté l’instinct de survie de ces habitants.

Il y avait une madame en particulier que j'ai rencontrée dans un sous-sol, qui me rappelait beaucoup ma mère [...] Je crois que je lui rappelait aussi quelqu'un qu'elle aurait voulu avoir proche, mais qui n'était pas là ou parti, évoque-t-il avec émotion.

Joie de vivre

La situation pouvait être très différente d’un endroit à l’autre. L’équipe de Radio-Canada est d’abord arrivée à Lviv, l'une des plus belles villes que j'ai vues dans ma vie, dit Peter Dawson.

Il décrit un lieu très festif et des rues pleines de musiciens.

On avait un sens que, tu sais, il y a eu COVID, il y a la guerre, et le monde voulait juste vivre.

Un caméraman prend des images d'un soldat qui prépare son sac.

Peter Dawson s'est rendu le mois dernier en Ukraine dans les zones du conflit.

Photo : Kristina Hryshchuk

Le lendemain, il s'est réveillé en sursaut à cause du vacarme qui venait de l'extérieur.

Je pensais que c'était des [raids aériens], mais c'était un marathon en-dehors de mon hôtel, se rappelle-t-il avec un sourire.

« Vraiment en danger »

Si la guerre n’était nulle part à Lviv, on l'a vue assez vite, enchaîne le caméraman.

L’équipe s’est ensuite approchée du front. Peut-être même un peu trop, souligne Peter Dawson.

On a suivi une équipe de drones [...] et on pensait être à au moins 2 kilomètres du front, mais finalement on a appris qu'on était un petit peu plus proche, raconte-t-il, précisant que des tirs d'armes légères sont venus dans la direction de son équipe.

Il se dit aussi ébranlé par les témoignages d’hommes, souvent très jeunes, du même âge que son fils, qui disaient être prêts à tout faire pour s'engager dans la guerre contre les Russes.

C'était vraiment surréel. C'est juste après, quand on a quitté, que j'ai réalisé qu'on était vraiment en danger.

Le caméraman croit que les Russes ont augmenté leur offensive durant leur séjour en Ukraine parce que le président ukrainien Volodymyr Zelensky effectuait au même moment des visites très médiatisées à Washington et à Ottawa.

La devanture d'un magasin brisée, avec des nombreux débris à l'intérieur.

Une devanture des magasin en ruine à Houliaïpole, en Ukraine, en septembre 2022.

Photo : Radio-Canada / Marie-Eve Bédard

L’ambiance pouvait aussi changer du tout au tout, d’un jour à l’autre. Il était parfois impossible de se déplacer d'un lieu à un autre.

Je pense qu’il y a eu une frappe qui a vraiment affecté les Ukrainiens, tous les checkpoints ont fermé cette journée-là, se souvient-il.

Les gens sont usés, fatigués, écœurés… et pour une bonne raison, observe Peter Dawson.

Accueillants et chaleureux, malgré le conflit

Les décombres de plusieurs édifices.

Houliaïpole comptait autrefois une dizaine de milliers d’habitants. Complètement rasée, la localité ne compte plus que quelques centaines de personnes.

Photo : Radio-Canada / Peter Dawson

Néanmoins, il est encore impressionné par l'accueil chaleureux des Ukrainiens, toujours prêts à ouvrir leurs portes aux visiteurs.

Qu’est-ce que Peter Dawson retient de cette expérience?

L’esprit humain, résume-t-il. C’est la même réponse depuis 30 ans que je suis caméraman, de voir comment que le monde peut se lever et survivre des événements extrêmement difficiles, que ce soit des maladies, des décès ou des pertes.

C’est de voir le monde qui sont capables de sourire, même quand ils sont entourés de difficultés incroyables. Je te dirais que les sourires du monde que j’ai croisé vont rester avec moi pour toujours.

D’après les informations de propos recueillis par Marc Babin

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